C’est un article cette fois qui change, je veux vous raconter ma pire journée de rando/trek qui a eu lieu il y a 4 ans de ça lors de mon premier trek. J’espère vous montrer ainsi que les imprévus font partie de la vie d’un randonneur et qu’il faut agir et que renoncer n’est pas un échec mais une marque d’intelligence. Bonne lecture !

Le 18 mai 2016, je pars pour mon premier trek avec 3 amis : le tour du Queyras. C’est avec un sac de 18 kilos (quel petit con) mais surtout des rêves de grandeurs plein la tête que je monte dans le TGV. Direction Guillestre, petite ville de vallée d’où nous partirons pour le premier jour de marche. Après une grève SNCF, une descente à Gap, un voyage en bus puis en taxi, nous arrivons sur place à 20h, juste le temps de monter la tente en sortie de bourg, l’aventure commence bien !

Début de journée, au programme 20km et 1832m de dénivelé positif pour rejoindre Ceillac. Nous commençons par une montée de 7km pour 1600m de dénivelé positif, bref ça grimpe sec ! Du haut de mes 20 ans, je souffre, je connais parfaitement mon corps en randonnée à la journée, j’ai fait bien pire, mais pas avec 18 kilos sur le dos et une première nuit sous tente sans dormir. Cette première montée est une souffrance, je commence à angoisser à l’idée de faire cet effort tous les jours pendant 1 semaine. Premier imprévu : j’ai sous-estimé le parcours et surestimé mes capacités. Maintenant c’est la tête qui me fait avancer ainsi que le soutien des copains.

Fin de la montée, nous sommes tous KO, excepté mon pote Clément (coucou si tu me lis), déjà habitué au trek. Après une pause de 2h, nous continuons, mais rapidement, plus de sentier : les personnes s’occupant du balisage et de l’entretien des sentiers ne sont pas passés, nous sommes encore trop tôt dans la saison. Deuxième imprévu : plus de sentiers. Nous hésitons à continuer, le sentier devait continuer à flanc de coteau, en suivant les courbes de niveaux. Par effet de groupe, nous continuons. Très vite nous évoluons dans un pierrier : c’est dangereux, si un de nos appuis n’est pas sûr, c’est la chute assurée plusieurs mètres en bas. Pour ne pas être emporté à chaque pas par les pierres qui roules sous nos chaussures, nous devons courir sur plusieurs mètres. Nous faisons ainsi 2km pendant plus d’une heure. En plus du pierrier, nous devons franchir des névés importants sans matériel adapté, nous n’avons pas de crampons forestiers. Troisième imprévu : les névés. En cette période, il est tout à fait normal d’avoir des névés mais notre ignorance a été grande. Nous arrivons au bout du pierrier, nous naviguons à la carte et au gps mais l’endroit que nous devons emprunter nous impose de passer versant nord et devant nous ne se dresse plus des névés mais de la neige. Nous décidons de faire demi-tour, nous renonçons au tour du Queyras, pour faire un périple à l’arrache qui monte moins haut dans le coin.

Nous sommes en milieu d’après-midi, le vent souffle fort sur le pierrier, et nous courrons tout du long pour éviter que des pierres roulent au-dessus de nous. Nous retrouvons le sentier et nous entamons la descente tambour battant, des orages doivent arriver dans la soirée. 

Quatrième imprévu : je me blesse dans la descente. Une entorse. Nous arrivons dans une clairière à 2000m où nous décidons de bivouaquer. La douleur est présente, ma cheville gonfle, nos chaussures et chaussettes sont trempées et cinquième imprévu ; nous n’avons plus d’eau. Nous faisons fondre de la neige dans nos poches à eau. De cette action découle le sixième imprévu : ma poche à eau fond. Un strap sur la cheville plus tard, un repas dans le gosier, une vue sur l’orage qui arrive, nous allons nous coucher. Nous nous réveillons à 7h, et là le septième imprévu : de la neige partout !

Après concertation avec mes camarades, nous décidons de redescendre à Guillestre, de faire une pause dans la vallée dans un camping pour nous reposer de tous ces imprévus et que je puisse prendre mon billet pour rentrer le lendemain pendant qu’ils continuent de vadrouiller. La descente est longue, je sers les dents, les potes m’aident.

Le reste de la journée se fait sans imprévus ! Mais le lendemain, mes trois compères m’accompagnent à la gare et me laissent tandis qu’ils bifurquent pour emprunter un sentier qui monte vers les montagnes.

Je n’ai jamais pleuré en randonnée, mais là je chiale seul dans la gare, puis les larmes coulent une nouvelle fois quand je me retrouve devant la porte de chez moi. Pour moi à l’époque c’est un échec.

Avec le recul, ce n’est pas un échec. Jamais je n’ai autant appris sur moi et sur le trek que pendant cette journée de galères et d’imprévus. Maintenant, je connais mes capacités physiques, j’ai allégé mon sac, je ne pars pas au mois de mai sans équipent à plus de 2500m, je fais demi-tour dès que j’ai un doute, je prends une gourde en plus d’une poche à eau, je me renseigne sur la météo beaucoup plus souvent. Et surtout l’imprévu ne me fait plus peur, je sais le gérer, je n’ai plus peur de choisir la moins mauvaise des situations, je n’ai plus mal à renoncer. Reculer pour mieux sauter c’est peut-être la règle la plus importante à avoir en tête en montagne, il m’aura fallu une cheville et ma fierté pour ouvrir les yeux.

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